CD ou VINYL ?
Beaucoup d'entre vous sont aujourd'hui tenté par une expérience
de retour à la lecture microsillon sur une platine tourne disque. Qu'en
est-il ? Est-ce un retour en arrière ou une redécouverte ? Que
penser de toutes ces nouvelles platines qui proposent une sortie USB, ou encore
ces amplificateurs numériques une entrée phono ?
Le CD a été durement touché par la dématérialisation
et la remise à la mode de la lecture vinyle représente un intéressant
débouché commercial de remplacement.
Le grand argument à la base de cette renaissance est un retour à
la pure lecture analogique qui transformerait (en théorie) intégralement
les vibrations enregistrées sur le microsillon en vibration des haut-parleurs.
Le signal audio-numérique se contente de réduire en une multitude
de points les signaux analogiques droite et gauche stéréo pour
les enregistrer sur un support de type informatique. Pour résumer,
le passage du signal en numérique appauvrirait sa musicalité
par manque d'informations.
La vérité est plus nuancée, car les deux systèmes
ont leurs qualités et leurs défauts.
Si le signal numérique montre des faiblesses en montant en fréquence
par manque de points en raison d'un échantillonnage limité,
il présente des qualités incontestables pour la reproduction
des graves et une certaine rigueur, même sur des lecteurs de début
de gamme. Ses supports, que ce soit le CD ou un support informatique sont
robustes et quasi inusables.
La platine TD est un retour nostalgique à une hi-fi de passion. Mettre
en oeuvre une platine, la régler, trouver sa place pour ne pas "accrocher"
en Larsen avec les haut-parleurs requiert une certaine patience et de la compétence.
La force d'appui, l'anti skating, son support et sa planéité
sont des contraintes ,dont le CD nous avait affranchi. Si, avec une bonne
cellule, il est vrai que l'on peut obtenir de belles sensations, le résultat
sera moins rigide et austère que la lecture numérique. Nous
rejoignons une transcription plus artistique de la musique. Le grave dépendra
en grande partie de la fréquence de résonance basse bras/cellule
et l'aigu des performances de la cellule, à condition que les bobines
ou l'aimant soient bien maintenus au centre des entrefers. Puis, il y a le
problème que plus on s'approche du centre du disque, plus la vitesse
linéaire diminue pour se trouver aux environs de 210 mm/s dans les
deniers sillons, ce qui correspond à environ 10µ pour le développement
d'une sinusoïde à 20KHz, alors que la pointe d'un diamant se situe
entre 12 et 20µ ?
Il reste aussi les performances dynamiques de bruit de fond, les craquements
et l'inévitable usure.
Je vais arrêter de jouer les rabat-joie, car ceci-dit ces deux systèmes
peuvent nous apporter de grandes satisfactions bien qu'ils ne soient pas parfaits.
Je vais quand même m'insurger contre un certain marketing qui joue sur
un effet de mode et l'incompétence des acheteurs en proposant des platines
bon marché à sortie USB ou bluetooth. Si vous voulez simplement
réécouter vos vieux microsillons, cela peut faire l'affaire,
mais sachez qu'ainsi vous cumulerez les défauts des deux systèmes,
ce qui rendra un tel intérêt bien médiocre par rapport
à un simple lecteur de CD ou une clé USB.